Notre avis et/ou analyse
!! Attention avant lecture !! Qui dit avis dit des risques de spoil.
Benoît
Avis écrit le 21/10/2012
C'est le premier roman d'Higashino Keigo que je lis. Friand du genre policier, j'ai trouvé mon bonheur en le lisant. Je dois avouer que j'ai très rapidement accroché au style et j'ai eu du mal à m'arrêter. C'est une véritable découverte.
Premièrement, c'est la description très détaillée qui m'a permis de vraiment me croire dans l'histoire. On nous donne clairement les clés pour se croire dans la pièce ou environnement décrit. Dans mon esprit je me suis façonné les différentes pièces de cette maison. Cette incroyable description est clairement quelque chose d'important. Cela permet de se croire dans l'action et de voir clairement comment les gens ont vécu à ce moment précis. Avec ces détails, on assiste à comment la famille a vécu il y a de cela 25 ans.
Puis, on va de surprise en surprise. Petit à petit on a les indices permettant de démêler le vrai du faux. Ce huis clos recèle ces mystères que le narrateur va tenter de résoudre. On assiste à la résolution d'une affaire sans avoir à utiliser une quelconque arme. Tout roman policier qui se respecte laisse place à des détectives et tout ce qui va avec. Ici ce n'est pas le cas. On s'attarde plus sur tout ce qui entoure les protagonistes. L’atmosphère lourde et sombre suffit amplement. La lumière du jour peine à percer dans cette maison, la pluie tombe sans discontinuité, les événements anormaux sont présents, bref de quoi suffire amplement pour me tenir en haleine et mettre en place une ambiance propre au roman.
Mais ici on soulève aussi un autre point : la maison où je suis mort autrefois. Si on va plus loin, on peut se demander si chacun de nous n'a pas oublié la maison de son enfance ou tout simplement son enfance. Ne souhaitons-nous pas faire barrage de quelque chose de notre passé ? Ne souhaitons-nous pas aussi oublier ? Parfois, il est préférable de ne pas chercher dans des lieux que l'on ne devrait pas. On devrait sans doute ne pas trop chercher quelque chose que l'on a oublié. Si notre corps a fait en sorte de faire barrage à ceci, c'est qu'inconsciemment il vaut peut-être mieux ne pas aller plus loin dans cette recherche. Mais sans cette enfance, on ne peut savoir réellement qui l'on est. Tout débute par celle-ci. Sans ceci on a du mal à se façonner une identité. C'est un peu le paradoxe et c'est ce que ce roman m'a fait un peu comprendre. Toute nature humaine souhaite élucider les mystères de son passé, mais si on a oublié c'est qu'il y a bien une raison. Mais sans ceci, on ne peut avancer dans la vie. Ici on le constate clairement. Sayaka veut à tout prix comprendre. Et quand cela va avoir lieu... cela va lui faire un sacré choc. Mais on constate que son comportement actuel est dû à son passé comme par exemple de maltraiter sa fille. On le comprend mieux à la fin. Alors n'est-il pas mieux de savoir quitte à avoir mal ou bien est-il préférable de rester dans l'ignorance la plus totale, mais sans souffrir ? C'est un sujet très important, pour moi, qui est abordé au fil des pages.
On retrouve aussi au fil du roman, la hiérarchie japonaise. Avec le père qui commande et le fait que les enfants doivent travailler d'arrache-pied pour son avenir. On le constate au fur et à mesure. Mais aussi toute cette lenteur et douceur d'écriture apporte quelque chose de positif. On s'attarde sur certains points un long moment et on nous donne certaines clés pour mieux comprendre.
Pas mal de zones d'ombre sont présents, en même temps que les deux protagonistes on veut comprendre qui est par exemple ce fameux « l'autre », que s'est-il passé dans cette maison, pourquoi les horloges sont figées sur la même heure et j'en passe. Bref en plus du message véhiculé, j'ai absorbé ce livre et l'ai lu avec grand plaisir. Il y a tous les ingrédients pour me tenir en haleine du début à la fin avec des détails très précis permettant de s'y croire dans cette maison. Quant au dénouement il aussi surprenant que le reste. Je ne m'y attendais pas, donc la surprise était au rendez-vous.