Notre avis et/ou analyse
!! Attention avant lecture !! Qui dit avis dit des risques de spoil.
Benoît

Avis écrit le 27/04/2024
« Un train, une bombe… et une leçon d’humanité »
Shinkansen Daibakuha nous plonge au cœur du système ferroviaire japonais, et pas à n’importe quel moment : en période de crise. Ce thriller est rythmé, et le suspense nous maintient sous tension. Si l’histoire n’est pas particulièrement passionnante, elle reste intéressante, notamment grâce à la morale qu’elle véhicule. Ce qui nous tient en haleine, c’est surtout le rythme soutenu du film. Plonger pendant 2 h 16 au cœur d’un train dont on ne sait s’il arrivera à destination m’a vraiment plu.
Je vais entrer directement dans le vif du sujet : l’histoire. En soi, elle ne casse pas trois pattes à un canard. C’est relativement banal. Un train est piégé, un maître-chanteur réclame une rançon, mais la compagnie JR refuse de céder. S’ensuit une série d’actions qui plongent les passagers du Shinkansen dans la panique, pendant que tout est mis en œuvre pour les sauver. Je ne sais pas si les moyens déployés dans le film sont réalistes ou relèvent de la pure fiction, mais cela ne m’a pas vraiment choqué — sauf peut-être le bouquet final, un peu trop surréaliste à mon goût. Rien de très original donc, y compris l’histoire de vengeance, qui reste très classique.
Mais là où le film se distingue, c’est dans sa réalisation. La tension est bien gérée. Être informé en temps réel des distances et du temps qu’il reste renforce la pression. La plongée dans l’univers ferroviaire japonais est d’un réalisme impressionnant. Le chef de train, toujours sa montre en main, incarne cette obsession de la ponctualité. Chaque seconde compte, et le film le montre très bien. C’est rythmé, les rebondissements sont efficaces. Lors du final, j’étais littéralement scotché à mon canapé, hypnotisé par ce face-à-face entre le train et le temps. Même si le scénario est convenu, il est largement compensé par la mise en scène, soignée et immersive. On a aussi droit à de très belles images, qui nous font découvrir le Japon sous un autre angle.
On pourrait presque croire que le film est une publicité pour la compagnie JR : prenez le train (sans les bombes), découvrez les paysages du Japon, et admirez le professionnalisme japonais, même en temps de crise. L’image véhiculée reste globalement positive, malgré le chaos. JR apparaît comme une entreprise solide, dont le personnel garde son sang-froid en toutes circonstances. Mais cela reste du cinéma... Serait-ce vraiment pareil dans la réalité ?
Le film ne se limite cependant pas à son intrigue ou à ses images. Il délivre un message social fort. La société japonaise valorise le groupe avant l’individu. Le film souligne combien il est courant de refouler ses émotions pour ne pas déranger les autres, quitte à en souffrir en silence. Mais quand tout cela s’accumule, l’explosion est inévitable. L’auteur de l’attentat ne veut qu’une chose : faire tomber les masques et révéler la souffrance cachée derrière les sourires. Ce constat n’est pas propre au Japon, mais il y est particulièrement prégnant.
Il est aussi question de politique. Certains la critiquent, d’autres veulent sincèrement faire bouger les lignes. À une époque où la défiance envers les institutions est forte, un petit message d’espoir se glisse dans ce chaos. Pour moi, le message le plus fort du film reste celui-ci : l'entraide humaine existe. Quand les humains s’unissent, ils sont capables de grandes choses. Ce message, profondément positif, m’a beaucoup touché.
Au final, Shinkansen Daibakuha m’a séduit par sa réalisation, malgré un scénario trop classique à mon goût. Le film nous rappelle que le temps est précieux, que chaque seconde compte. Et cette fois-ci, ce n’est pas habituel au Japon… le train n’est pas arrivé à l’heure. Tension palpable, casting convaincant : j’ai passé un excellent moment.