Notre avis et/ou analyse
!! Attention avant lecture !! Qui dit avis dit des risques de spoil.
Avis écrit le 19/08/2020
« Jusqu'où pose-t-on la limite de ce qui est vivant et non vivant ? »
Avant toute chose, afin d'apporter un avis des plus concrets, si vous souhaitez lire le livre, je vous déconseille de lire mon avis. Je vais en dévoiler davantage que le simple résumé afin de pouvoir apporter matière à mon raisonnement et l'avis que je peux donner sur une telle oeuvre. Car ce livre est déroutant, il dérange, il irrite, il remet en question, et même si cela reste de la science fiction qui sait ce qui se passe dans les coins les plus obscures de la science. Tel sont les mots qui me sont venus quand j'ai terminé de lire le dernier mot de ce roman. Son auteur n'a pas sû me conquérir dès les premières pages, mais au fil de ma lecture, je me suis intéressé, interrogé et beaucoup questionné. En plus de souhaiter connaître le fin mot de l'histoire, ce sont ces relations humaines qui ont su m'interpeller et me donner l'envie d'aller au bout.
Dans la tête de Kathy et dans ses souvenirs, c'est elle que nous suivons dans son passé. Au tout début de ma lecture, pour être très honnête, j'ai eu du mal avec le style pour l'amoureux de la littérature japonaise que je suis. Depuis des années, je ne lis que des auteurs japonais. Pourquoi ? Car je suis très attiré par leur univers et leur manière d’écrire. Bien sûr, chacun est différent et écrit de manière différente, mais j’aime me retrouver dans cet univers que je qualifierai de « Japonais ». Mais dans le roman actuel, même si cela reste un auteur japonais, cet auteur a vécu une grande partie de sa vie en Angleterre et donc le style qui en découle n'est pas le même, cela reste, pour moi, un univers très européanisé. Et malheureusement, j’ai de plus en plus de mal avec ce genre. C'est une des raisons que j'ai trouvées. Cependant, petit à petit, je me suis accroché à l'histoire, je m'y suis intéressé et la sauce a pris. Ce n'était pas l'extase, mais amplement suffisant pour me donner l'envie d'aller au bout de comprendre ce qui se passe derrière ces choses qu'elle n'arrête pas d'appeler : les dons.
Dans les grandes lignes, le lecteur est amené à suivre simplement les souvenirs d'une jeune femme du nom de Kathy et de son passé commun avec deux autres enfants dans un monde pas comme les autres. Dit comme cela, cela ne donne guère envie de lire. Et même si l'ajout du mystère est ajouté avec « les dons », le lecteur peut être amené à facilement comprendre de quoi, il en retourne. Mais alors pourquoi lire une telle œuvre ? La vie quotidienne, cela va bien 5 minutes. Pour ma part, c'est le lien si sacré qui lie les trois jeunes adultes. De la jeunesse à l'adulte, même séparé, ils ne se sont pas oubliés. Même si le passé et les disputes les ont séparés, cela les a ramenés à se retrouver avec le temps. Ce fil qui les lie, et dont l'auteur nous peint durant tout le long du roman, est passionnant. On nous parle de liens humains, mais pour des personnes qui ont été totalement créées de A à Z. Les relations humaines sont quelque chose de très compliquées, mais la manière dont ces dernières nous sont dépeintes, m'a donné envie d'en apprendre davantage. Bien sûr, je suis passé par des moments où la lecture ne m'a guère passionné, mais d'ordre général, j'ai été embarqué dans ce flot de sentiments.
Ces enfants, dès leur naissance, ont un avenir tout tracé. Ils sont introduits dans le monde dans un but bien précis, avec un avenir déterminé à l’avance. Alors quand ils pensent à leur propre avenir, cela n’est que pur rêve et chimère. Comment penser à un avenir quand on sait que l'on va mourir plus jeune que la moyenne et surtout que les rêves ne sont autorisés que dans la tête et non-possibles à réaliser dans le concret. Comme nous réagirions si nous savions que cela ne servait à rien de rêver, car notre mort est programmée ? Pour ma part, je serais vraiment très triste. Je sais qu'en naissant, je suis condamné à mourir, mais ne pas en savoir la date me permets de pouvoir rêver et de tout faire pour accomplir ces derniers.
Mais alors que dire du message suivant : les personnes créées scientifiquement, peuvent-elles avoir une conscience ? Ressentir des émotions ? Est-ce possible pour elles d'être réellement vivantes comme nous humains ? Mais ne peut-on pas avoir peur justement qu'ils nous deviennent supérieurs et donc ne pas souhaiter à ce qu'ils voient le jour ? Car dans le fond, ce sont des êtres qui, même créés artificiellement, peuvent se créer des souvenirs. Ces souvenirs, peuvent-ils être classés dans le fait d'être un début de conscience ? Je ne suis pas expert, ni scientifique. Ce sont simplement les questions qui me sont venues à l'esprit. On pourrait me dire que cela ne sert à rien de se poser ce genre de questions, vu que cela reste de la science-fiction. Mais aujourd'hui, en 2020, cela reste-t-il encore autant de la science-fiction ? Si cela devient réalité, quelles questions devrions-nous nous poser ?
Un sentiment partagé entre mélancolie, tristesse et horreur ont surgi à la fin de ma lecture. Cet auteur est arrivé à chercher quelque chose au fond de moi qui n'était pas à la lumière. Cela reste de la science-fiction, mais à travers ce genre, Ishiguro Kazuo nous parler d'une tranche de vie de personnes pas comme les autres avec un destin pas comme les autres. Après tout, où placer la limite de la vie et de son droit de vie ou de mort ? Grande question. Je ne suis pas tombé sous le charme fou de cet auteur, mais dans ce roman, sa manière de peindre les relations humaines est vraiment prenante. Bien sûr, je ne m’arrêterai sans doute pas à cette seule œuvre de l’auteur. Je n’aime pas apporter un avis et juger sur un seul roman. Rendez-vous donc au prochain.