Notre avis et/ou analyse
!! Attention avant lecture !! Qui dit avis dit des risques de spoil.

Avis écrit le 05/10/2020
« Quand une femme décide, suite à un viol, de changer et faire bouger la société. »
Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi rapidement. Poignant et prenant, il nous montre un visage de la justice japonaise dont j'ignorais en grande partie l'existence. Shiori Ito nous parle de son expérience à cœur ouvert. Elle n'omet rien et fait en sorte de rester la plus impartiale possible. Elle exprime ses sentiments, ses peurs, mais aussi ses espérances tout comme ses combats. Le viol n'a pas lieu qu'au Japon, mais quand une personne, dans un pays où il ne faut pas sortir du rang, ose se battre contre un système, le lecteur constate que le combat risque d'être long.
Ne suivant pas du tout l'actualité, j'avais vaguement pris connaissance de l'histoire de cette femme, mais quand je dis vaguement, c'est vraiment de très loin. C'est donc d'un œil neutre que j'ai lu ce livre. Cette femme a décidé, dans un pays où il faut éviter de faire des vagues, où il faut rester dans le rang, où il ne faut pas sortir du moule, où il faut être comme tout le monde, de se battre contre un système qui est en retard en ce qui concerne la prise en charge des femmes et des hommes violés. Un système où les victimes de viol préfèrent se taire ou ne pas poursuivre leur agresseur en justice de par la difficulté du chemin. L'auteure nous l'explique parfaitement bien. C'est dans le détail que j'ai pris connaissance de la réalité de la chose. Cela m'a marqué et a permis de m'apporter un œil nouveau sur un système dont j'ignorais totalement comment cela fonctionnait.
Shiori Ito nous explique le début de son histoire afin que le lecteur puisse avoir en main tous les éléments. Puis au fur et à mesure qu'elle nous explique ce qui s'est passé, elle se pose aussi des questions. Des questions que nous lecteurs pouvons nous aussi nous poser, comme par exemple le manquement d'informations en cas de viol ou d'institutions compétentes pour prendre en charge les victimes. Puis elle propose aussi des solutions ou des choses qui peuvent être mises en place, là maintenant. Ce n'est pas le simple récit d'une femme qui a subi des sévices corporels. Cela va beaucoup plus loin et c'est ce que j'ai beaucoup apprécié. Elle ne s'arrête pas simplement aux faits, mais elle propose des solutions pour que si d'autres femmes vivent la même galère qu'elle, elles puissent avoir des informations pertinentes pour les aider. Elle donne d’excellents conseils et quoi faire en cas de viol. Donc si un homme ou une femme se fait violer au Japon, il ou elle sera s'il ou elle le souhaite quoi faire et comment réagir pour se protéger, porter plainte, etc. Puis, de temps en temps, elle apporte aussi un regard extérieur au Japon et ce qui peut se faire dans d'autres pays.
Mais elle remet aussi en question des institutions et la police sur leur manière de fonctionner. Ce qui m'a le plus marqué, c'est la difficulté que cela est de prouver un crime sexuel. C'est le parcours du combattant. Qui plus est, dans son cas, elle a dû faire tout, ou presque, ses propres recherches. Ne pas accepter l’information telle quelle, mais faire ses propres recherches. Elle s'est retrouvée face à des murs. Dans cette partie, elle pose une bonne question : peut-on avoir le droit de savoir ? D'avoir des explications claires ? Dans son cas, cela n'est pas le cas. Quant à son agresseur, je ne souhaite pas m'exprimer dessus, ignorant tout de la personne. Mais si je me base sur les propos de l'auteure, plus on a de pouvoir et de connaissances haut placés, plus on est intouchable. Présent dans toutes les sociétés, ou presque, ce fait rend encore plus compliquée l'histoire. Il y a beaucoup plus de paramètres qui entrent en compte et en ligne de mire.
Elle divulgue aussi nombreux de ses sentiments et de ses ressentis. Elle nous explique par quelles phases elle est passée. Fidèle à ses principes, elle se sert de son passé pour construire le futur. Mais les souvenirs peuvent être parfois de terribles fardeaux. Au point de parfois avoir envie de mettre fin à ses jours tellement le traumatisme intérieur est grand. Mais quand cela arrive, elle se souvient de pourquoi elle a commencé. Elle ne cache rien. Elle explique quand tout va à peu près bien, mais aussi les grands moments de solitude et de dépression. Rien ne nous est épargné. Mais son combat est tout à son honneur. Elle se bat pour les autres et surtout sa famille, pour que chacun n'ait pas à vivre la même chose. De son drame, elle a décidé de faire autre chose que de s'apitoyer sur son sort et de se taire. Le passé est important, mais loin d’être le plus important. Elle s’en sert afin de savoir s’il y a et si elle peut trouver des solutions. Quelles mesures peuvent être mises en place ? Elle tente d'apporter sa pierre à l'édifice. De ce drame, elle en a fait sa force.
Un livre que je recommande fortement. Il se lit très facilement. Ce livre m'a marqué et a permis de m'ouvrir les yeux sur un sujet dont j'ignorais tout. « Si le quasi-viol existe bien dans la loi japonaise, dans la réalité, les suspects sont rarement reconnus coupables. », tels sont ses propos. C'est pour cela qu'elle se bat et continue, encore aujourd'hui son combat.